Résumé :
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Cet article analyse les effets du recours croissant à lexpertise scientifique dans lélaboration et la mise en uvre des politiques de santé au travail. Sappuyant sur des exemples (valeurs limites et fractions attribuables) abordés lors dun séminaire interdisciplinaire organisé en 2014-2015, il montre comment ladoption dun outil de mesure ou de régulation issu de disciplines biomédicales induit des points aveugles dans la définition et la prise en charge dun enjeu. Il analyse également à partir dautres exemples les effets plus indirects de cette évolution, qui limite les possibilités dintervention des organisations syndicales. Il invite aussi à sinterroger sur la place des sciences humaines et sociales et des savoirs de terrain, notamment dans la mise au jour des dimensions conflictuelles de ces enjeux, souvent occultées par lexpertise institutionnelle. Il propose enfin louverture aux non-spécialistes dun large débat politique sur les questions collectives de santé au travail, rendu plus difficile par leur définition en termes technoscientifiques. (résumé éditeur)
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